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Résumé
in July 2001, the international Olympic Committee announced that Beijing had won its bid to host the 2008 summer Olympic Games. From that moment, the city began working on a major overhaul that would deeply transform both its social and physical landscapes, to construct and project a new image of China to the world. The Chinese government commissioned the world’s most renowned « starchitects » to build a series of iconic architectural projects that would reflects the leadership’s ambition to reclaim China’s position as a world leader. Beijing’s Olympic makeover recalls earlier cycles of intensive state-sponsored architectural production that periodically transformed its landscape throughout the 20th century in response to shifts in ideology, but one that departs radically from previous attempts to reinvent its image. Drawing upon technological prowess, incommensurable scale, and avant-garde design, these projects present a radically new world image of China and epitomize a new Chinese reality, where the monotonous equality of socialism has been replaced by the spectacular inequalities of capitalism. This paper examines the physical and rhetorical construction of this image through a study of Beijing’s pre-Olympic metamorphosis. It presents this last round of conspicuous construction as symptomatic of new changes taking place in Chinese society. By examining public debates surrounding this new phase of urban transformation, as well as global influences and grassroots resistance to this process, this paper suggests that this new image may be counterproductive as a long-term strategy of urban distinction because it annihilates the city’s competitive advantage by sacrificing its historical urban fabric, and disrupts the social landscape that had given Beijing its distinctive urban culture.
Introduction
Le situationniste Guy Debord avait prévu dès les années 1960 que le spectacle allait dominer la société de la fin du XXe siècle. Alors que l’expérience du quotidien est aujourd’hui envahie par le mercantilisme et les médias de masse, la ville elle-même s’est transformée en un simple espace de représentation, centré sur l’étalage des symboles et des biens de consommation. Le spectacle est désormais essentiel à la survie de nombreuses villes post-industrielles à travers le monde. Jadis centres de production reconvertis en centres de consommation, ces villes doivent aujourd’hui se repositionner sur la scène internationale afin d’attirer les investisseurs, les entreprises, les talents étrangers et les touristes. Pour se distinguer sur le marché mondial et rivaliser avec d’autres destinations de tourisme et d’affaires, ces grands centres urbains doivent se doter d’une image propre par un travail considérable de marketing urbain, de mise en marque (branding) et même d’imagineering3.
Le spectacle est tellement présent dans la nouvelle économie qu’un des moyens les plus efficaces pour les villes d’améliorer leur image internationale est la mise en scène d’événements de marque tels que les expositions universelles, les conférences internationales et des compétitions sportives comme la coupe du monde de football ou les jeux Olympiques. Accueillir des événements de prestige ne contribue pas seulement à accroître la visibilité de la ville sur le plan mondial, cela sert également, sur le plan local, à légitimer des transformations urbaines de grande envergure, ce qui fournit au gouvernement local l’occasion de revoir ses priorités dans les projets urbains tout en favorisant le concours d’investisseurs privés.4
La Chine a rapidement assimilé l’idéologie du spectacle qui domine aujourd’hui la société mondiale. Après avoir obtenu l’honneur de présenter les XIXes Olympiques à Pékin en 2008, l’État chinois a lancé une série de grands projets destinés à transformer le paysage de la ville ainsi que son image à l’étranger. Pour symboliser la stature internationale de la Chine et pour confirmer l’accession de sa capitale au statut de ville mondiale, l’État a promis les meilleurs Jeux de toute l’histoire. Si l’on en juge par la progression de l’ambitieux plan de construction et de rénovation, il paraît évident que les Jeux de 2008 seront les plus spectaculaires jamais tenus ; ils bénéficient d’investissements de plus de 40 milliards de dollars, soit trois fois la somme dépensée par Athènes et plus que le total des coûts de tous les Jeux d’été depuis 1984.5
Mais Guy Debord avait mis en garde contre l’effet anesthésiant du spectacle et son pouvoir de dépolitisation ; il peut servir d’instrument de pacification en altérant le sens critique de la population et en affaiblissant sa résistance et sa capacité de réaction. En Chine, le consumérisme joue un rôle politique important en provoquant une fascination pour l’enrichissement personnel et la consommation. Cette nouvelle idéologie dominante séduit la population et la distrait des préoccupations politiques et des revendications démocratiques. La conviction des gens que la consommation peut satisfaire leur désir de liberté et de bonheur a effectivement détourné leur attention des grands enjeux politiques auxquels leur société est confrontée.
Le spectacle offert par les préparatifs olympiques à Pékin a ainsi contribué à masquer les défaillances du passage accéléré de la Chine à une économie de marché, un passage accompagné de spéculation foncière, de corruption et d’une forte hausse des inégalités sociales. L’image renouvelée de la ville de Pékin qui en ressort incarne aujourd’hui l’émergence d’une Chine nouvelle, où la monotonie égalitariste du socialisme d’antan a fait place à l’éclatante inégalité du capitalisme d’État.
de L'Achèvement
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