L'Achèvement

par tous les gouvernants de la communauté européenne et du monde entier, sans exception, c’est la révolution Libyenne et son processus de démocratisation, qui sont assassinés froidement en laissant les mains libres pour un massacre aux trois hommes de main, père et fils Kadhafi, des démocraties occidentales.

Maintenant, cyniquement, la seule crainte de l’Europe est de voir une déferlante de migrants libyens débarquer sur ses côtes, frapper aux portes de l’Italie et de la France et de l’Europe.

La Libye est sacrifiée pour mettre fin à tout processus de démocratisation en Afrique du Nord. Mettre fin au risque de voir cette révolution porter l’incendie et s’étendre plus encore au monde Arabe et ailleurs en Arabie Saoudite, en Iran et en Irak, et plus loin encore. Parce que cette démocratisation est venue contredire le discours dominant soigneusement entretenu par les grandes puissances depuis des années sur le terrorisme, l’islamisme et la non-culture-démocratique affirmés comme inhérents à cette large région du monde, sur ces peuples considérés comme enfantins à qui il faut des despotes ou des pouvoirs autoritaires.

Maintenir la géopolitique, la biopolitique et le biopouvoir, tels qu’ils sont, tel un mur de haine, méfiance, crainte, entre les populations divisées et captives globalement.

Benghazi résiste

Lyon le 13 mars 2011

Le « drame Libyen » que découvrent les occidentaux.

L’intervention aérienne Franco-américano-anglaise en Libye ne contredit en rien nos propos ci-dessus, chacun on leur raison particulière, mais tous ont des raisons hors des Libyens et du « drame Libyen » nié jusqu’à présent. Cette intervention est décidée que pour des intérêts très particuliers à chacun des chefs d’État, et plus précisément pour Nicolas Sarkozy, qui dès le début de son élection, en 2007, par ses actes antisociales, par sa gouvernance déplorable et inconséquente, savait qu’il devrait recourir à un choc psychologique fort pour retrouver une marge, dans les sondages, suffisante pour être réélu. Nous parlions après les élections de 2007 de la méthode Thatcher et « sa guerre des Malouines » 1 alors qu’elle était au plus bas dans les sondages. Elle fut réélue haut la main. Comme fut réélu G W Bush après la deuxième guerre en Irak (l’entrée en guerre en 2003, n’était pas seulement sa réélection). Qu’il soit clair, dans la perception des occidentaux qui doivent intervenir, la libération Libyenne par les Libyens, est aux poubelles de la non-histoire, elle est triée et recyclée, il n’y a plus que de pauvres et innocentes victimes, ici comme au Japon, sans aucune et nulle part de responsabilité.

Le « drame Japonais » que le monde découvre.

« Que le Japon, archipel vulnérable, déjà frappé par deux bombes atomiques, ait pu consentir à ériger cinquante-quatre réacteurs nucléaires sur une faille sismique illustre sans doute le désarmement de l’entendement humain face à ses créations sidérantes 2. » Entre l’explosion de la centrale de Tchernobyl, qui s’est poursuivi de la chute des blocs de l’Est, et celle de Fukushima et l’implosion des dictatures de l’Afrique du Nord, il n’y a pas de différence. Le monde se fissure, des individus se sont engagés dans la brèche pour se libérer. Si leur révolution est changée en sauvetage-de-pauvres-victimes, c’est dû à l’absence totale de toute réaction de solidarité populaire dans le monde, de toute contrainte populaire envers leur gouvernement ; laissant ainsi les chefs d’Etat laisser pourrir et manipuler des révoltes pour satisfaire des besoins personnels.

Une triste et dramatique farce.

La modernité est un rapport social entre individus, directement vécu sans intermédiaire, sans médiation. Tout ce qui nous est imposé aujourd’hui comme modernité ne sont que celle des technologies qui infailliblement nous emmène vers plus de pauvreté ou, comment se passer de tout, et le nucléaire nous mène directement dans le noir à devoir nous éclairer à la bougie. Quoi qu’il en advienne, ce monde poursuit son déclin ou la scission de la modernité entre humanité et technologie, qui avait abandonné et finalement aboli l’humain et l’Humanisme, ressurgie dans la gravité. La modernité, ce rapport social entre individus, est un rapport ancien et contemporain. Ceux de Benghazi, de Tunisie et d’Égypte et des autres pays de la région, par leur révolte ont rappelé cette modernité.

Lyon le 18 mars.

Opération de marketing

L’intervention française en Libye n’est qu’une opération de marketing exercée sur le vaste pays et terrain libyen. Une stratégie commerciale, dont la publicité est mondialisée, démontre tout le savoir faire Français :

1. Démonstration d’une opération de police en Libye. La proposition qui avait échouée en Tunisie par l’ex-ministre de affaires Étrangères, Michèle Alliot-Marie, qui vantait et voulait vendre les mérites et le savoir faire de la police française, est réalisée en Libye, mais aussi dans d’autres pays et : « Des policiers français ont formé les forces antiémeute de Bahreïn. Des compagnies républicaines de sécurité ont entraîné la police du royaume en proie à de violents heurts. » 3
2. Démonstration : Un meeting aérien au-dessus de la Libye avec tirs et cibles et morts réels voir Dispositif chapitre II et III, jeu de guerre, wargane. Depuis 2009 la vente d’armes en France est en chute libre, et même ses avions (Dassault aviation) ne se vendent pas.
3. Démonstration : une opération patriotique pour la préparation des élections présidentielles de 2012. La grandeur et la puissance de la France, mais aussi humanitaire et de justice, protection des civiles, et libératrice, surtout lorsqu’on sait que le « chef » des « rebelles », n’est autre que l’ex-ministre de la Justice Moustapha Abdeljalil qui a su démissionner juste à temps (à la mi-février).

Lyon le 23 mars 2011

• 1. voir l’article Dispositif, chapitre I
• 2. Fukushima ou la fin de l’anthropocène. Agnès Sinaï, journaliste environnementale, maître de conférences à Sciences Po Paris, cofondatrice de l’Institut Momentum. Article paru dans l’édition du Monde du 19 mars 2011
• 3. Le Point.fr le 19 février 2011.