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Accueil » Résonance noire du flamenco gitan au temps de Sade » Dispersion, obstacle. Ou la guerre contre l’uniformisation à l’approche des temps modernes
La loi du désir contradictoire dans la vie, l’amour, la mort
Ce qui est tout autant vrai pour les Tsiganes, la guerre mais par d’autres moyens que militaires. Leur guerre, une logique contre le tous-pareil, est maintenue par des barrières infranchissables, dont la dispersion. Et la langue, l’argot des classes dangereuses. « Au 15e siècle, l’arrivée des Gitans en Europe et en France correspond à l’émergence d’un argot des malfaiteurs. (...) Pour les hors-la-loi, l’argot est une barrière guerrière, un langage travesti, compris par eux mais qui doit rester totalement inintelligible pour la police et les victimes potentielles. Ce langage a abondamment puisé dans la langue parlée des Gitans, qui étaient l’“élément étranger” par excellence et pour qui les mots ont toujours été une arme défensive ». 3 La dispersion de la communauté en sous-tribus, aux nombreux pseudonymes, est un autre obstacle défensif à la force unificatrice et donc répressive de l’État centraliste -une nation, une langue, une culture etc-. Elle s’oppose à l’extériorité de la loi unificatrice pour demeurer sous le signe et l’union de sa propre loi, et refuse toute logique ou mécanisme qui la conduirait à disparaître, sa mort, que l’État concrétise par la sédentarisation. Chevaliers et troubadours errants n’avaient de loi que celle de leur Dame ou de leur Seigneur, la division féodale, par la guerre et le voyage, s’opposait à l’État, au centralisme. « Le rêve de noblesse, de courage et de fidélité ne disposait pas seulement du tournoi comme moyen d’expression ; il en avait un autre, tout aussi important : les ordres de chevalerie. Ceux-ci, comme les tournois et les adoubements, plongent leurs racines dans les rites sacrés d’époques lointaines. (...) Le tournoi est également très ancien et possédait autrefois une signification sacrée. L’ordre de chevalerie ne peut être séparé des “confréries” chez les peuples sauvages. » 4
Et le nomade lui en prince de la dispersion erre pour n’être soumis par aucune autre loi que celle de se maintenir uni avec sa reine sa communauté. Ce qui pourrait passer pour un paradoxe : la dispersion, une pratique minoritaire, mais multiple, pour se maintenir pur dont l’enjeu est, tout comme celui de la chevalerie, politique.