« A rebours de tous les projets politiques, de gauche ou de droite, qui souscrivent encore à ce projet de maîtrise totale du vivant et ne proposent que de s’y engouffrer un peu plus, nous pensons que le point de départ de toute réflexion politique devrait résider dans le double constat :
- L’effondrement de plus en plus rapide des conditions biologiques de notre survie (et corrélativement, la mainmise de la technoscience sur la survie et la reproduction de tous) ;
- L’impuissance grandissante des êtres humains sur le cours de leur existence, vidant de leur substance les concepts de raison et de liberté. (…)
[Néanmoins] « critiquer globalement l’approche technoscientifique du monde ne conduit pas nécessairement à renier tous les résultats. Il n’y aurait pas grand sens à faire table rase de toutes les connaissances élaborées dans ce cadre depuis Galilée »
Les technosciences ne seront qu’un des aspects de la colonisation du vivant abordés ici. Et si, pour l’instant, la dislocation du capitalisme n’est nullement la conséquence consciente d’hommes désireux de le remplacer par autre chose de plus humain, cette désagrégation découle de sa propre dynamique autodestructrice, dont les technosciences, dans lesquelles il voit un moyen de se reconduire sont la parfaite illustration. La fin-sans-fin du capitalisme ne débouche que sur l’engendrement de catastrophes, dont il ne peut empêcher ni les causes ni remédier aux maux dont les conséquences sont dramatiques. Mais le capitalisme, polymorphe, rêve par les technosciences, de se sauver en assujettissant définitivement toute forme de vie : la colonisation du vivant par les voies technologiques, remplaçant la politique par l’indiscutabilité technologique. Dans l’éducation, la recherche, la santé, le logement, l’alimentation, la délinquance, la gouvernance des femmes et des hommes : pour le programme, il suffit maintenant de cliquer. Le capitalisme c’est l’aboutissement de la société de classes en sociétés de masses divisées, où la haine y est entretenue, qui dérivent.
A cette gouvernance et colonisation technologique à tendance totalitaire, la réponse en cours dans le monde est politique, avec les mouvements d’occupation de lieux libérés, qui renouent ainsi libérés avec le dialogue horizontal d’individus sans qualités, mouvements d’occupation accompagnés, c’est heureux, d’un renouvellement de la critique sociale.
Retrouver un centre, une éthique, recréation de lien par la dure pratique de la démocratie directe. En agissant et en parlant les individus font voir qui ils sont, révèlent et incarnent activement leurs identités distinctes et font ainsi leur apparition dans le monde humain.
Mais ces surprenants mouvements mondialisés, doivent s’affronter à la réorganisation des fronts contre-révolutionnaires en Grèce, en Afrique du nord, dont l’Egypte, en Espagne, au Portugal, aux Etats-Unis, en Italie, en France, ou à Montréal, etc.