Ci-joints quatre textes, (bien entendu il y en beaucoup d’autres) :
1) La libre commune d’Oaxaca.
2) Les « Indignados » en Grèce.
3) Contre la ligne à grande vitesse Lyon-Turin NO-TAV.
4) Marche des fiertés : On n’a pas voté et on continue de lutter !
Lien texte et le documentaire, sur l’occupation de la télé par les femmes) : Ne loupez pas ce docu sur une des luttes actuelles les plus méconnues. Pour la bande annonce voyez par ici : Pour télécharger l'ensemble du film c'est par là :
PS : ce film est sous licence Creative Commons.
Gravez le, diffusez le, c'est légal et souhaité.
Oaxaca
Democracy Looks Like Production : corrugated films et mal de ojo. Ce n'est pas un brûlot militant mais un témoignage d'une organisation de lutte réfléchie, tournée vers la population et mise à son service. Quelques liens concernant les gens qui sont à l'origine de ce projet et d'autres qui soutiennent sa diffusion :
http://www.cinerebelde.org/product_info.php?products_id=68
http://promediosfr.free.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=42&Itemid=32
¡ Que vive Oaxaca ! 2006
Il existe aujourd’hui, dans un monde encore dominé par la lâcheté, la résignation et la servitude volontaire, une ville et une région résolues de résister à un gouvernement local et mondial qui ne connaît d’autres lois que celles de la corruption et du profit.
Depuis plusieurs mois, la population d’Oaxaca refuse les diktats d’une administration corrompue, qui n’hésite pas à tuer les opposants à sa politique de malversation.
Le mouvement n’a cessé de se développer et a donné naissance à une assemblée populaire, encore noyautée par la vieille politique clientéliste, mais qui s’oriente de plus en plus vers un refus de tout pouvoir et vers une priorité : améliorer la vie quotidienne des enfants, des femmes et des hommes.
J’appelle à se manifester en faveur d’Oaxaca celles et ceux qui n’ont d’autre force que leur volonté de vivre, car c’est de là que vient aujourd’hui la seule pensée qui ne soit pas à la botte des commanditaires du marché planétaire.
Je les appelle à défendre par tous les moyens de leur inventivité la libre Commune d’Oaxaca afin qu’en son assemblée populaire se développent la démocratie directe et la pratique autogestionnaire que les barricadiers, la population urbaine et les communautés paysannes indigènes sont en train de consolider.
Je les appelle à alerter toutes les forces vives, qui peu à peu s’éveillent pour sortir des millions d’êtres humains du cauchemar que fait peser sur eux le totalitarisme économique. Il faut empêcher que le gouverneur Ulises Ruiz et ses tueurs, soutenus par Fecal (Felipe Calderon), le nouveau président du Mexique, n’écrasent l’expérience d’autonomie régionale – urbaine et paysanne – qui s’esquisse dans la lignée de la Commune de Paris et des collectivités andalouses, aragonaises et catalanes des années 1936-1938.
Ce qui se passe à Oaxaca est un espoir pour tous ceux qui désespèrent d’accéder à une existence, digne de ce nom, sous le joug du capitalisme financier réduisant la vie et l’environnement à une marchandise.
Souvenons-nous ! C’est une prise de conscience mondiale qui a aidé le mouvement zapatiste encore fragile à échapper à la répression du gouvernement et de son armée, en janvier 1994 et en février 1995. Ce que les zapatistes ont réussi pour les communautés paysannes indigènes du Chiapas, la population d’Oaxaca est en train de le tenter en milieu urbain. L’enjeu est considérable. Faisons en sorte que se conforte la chance d’instaurer la Commune d’Oaxaca, car cette chance est la nôtre, celle de l’émancipation existentielle et sociale qui nous tient à cœur.
En toute autonomie individuelle,
Raoul Vaneigem, le 28 novembre 2006
Il était une fois, au Mexique, une ville et sa région soumises à la tyrannie meurtrière d’un gouverneur véreux. Les habitants presque unanimes décident un jour de le chasser et de faire leurs affaires eux-mêmes. Ils occupent la rue et les administrations, mettent en déroute les sbires du cacique, créent une assemblée populaire souveraine et, le temps d’un long été, s’adonnent aux plaisirs interdits de la démocratie directe. Ils veulent vivre librement et dignement, c’est-à-dire sans se plier aux diktats de la mondialisation. (CQFD hors-série, « La libre commune d’Oaxaca », éditions L’Insomniaque et CQFD, janvier 2007).
Le texte en entier est disponible ici : Le-mouvement-des-Indignados-en-Grèce
« Pendant plus d’un mois plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées sur Syntagma tous les jours. La place était occupée 24h/24, mais le gros des manifestants ne faisait son apparition que le soir, après le travail. C’était aussi le moment où les assemblées avaient lieu. Le week-end, le nombre des manifestants se multipliait, culminant à des centaines de milliers le 5 juin. C’était une foule variée, interclassiste, de travailleurs (pour une grande partie des travailleurs du secteur public), de chômeurs, d’étudiants, de retraités, d’auto-entrepreneurs, de commerçants et autres petits-bourgeois. (…) Il est intéressant de noter que les jeunes lycéens, les immigrés et les « lumpen » prolétaires, qui avaient pris part aux actions les plus offensives des émeutes de décembre 2008, étaient peu présents. (…) Le mouvement n’a pas produit de remise en cause des rôles sociaux dans la division du travail : les avocats participaient à des comités cherchant à remettre en cause la légitimité du programme d’austérité, les médecins offraient leurs services gratuitement, les chômeurs nettoyaient la place et les sans-abri étaient contents de trouver un substitut temporaire à la charité. (…) (« Nous ne devons rien — nous ne vendrons rien — nous ne payerons rien » a été un slogan très populaire sur les affiches), même si le sentiment général n’était pas favorable à la négociation avec le gouvernement, mais plutôt ce « qu’ils partent tous maintenant ! » : un rejet non seulement du PASOK mais aussi de l’ensemble de la classe politique. Ce qui explique l’intérêt pour les images venues de Tunisie, d’Égypte ou d’Argentine, où on voit le départ de leurs dirigeants, humiliés. De même qu’en Afrique du Nord et en Espagne, Facebook et les autres « réseaux sociaux », tout comme les téléphones portables, ont joué un rôle très important dans le rassemblement de la foule, en particulier chez les jeunes manifestants, (…). Le rejet de toute identité politique de tout parti, visait à créer un espace public auquel tout le monde pouvait se joindre, dans lequel tout le monde pouvait parler et prendre part aux décisions. Et il est vrai que diverses assemblées ouvertes, qui formellement étaient de tels espaces, furent créées, au départ sur les places centrales et ensuite dans divers quartiers d’Athènes. Ces dernières constituaient en partie une revitalisation des assemblées locales qui étaient apparues durant les émeutes de décembre 2008 et en partie une tentative plutôt infructueuse d’imposer une direction centrale à des assemblées locales qui étaient déjà actives, comme dans le cas du quartier athénien de Vyronas. Mais le « dépassement » politique de la politique ne peut que créer une nouvelle bureaucratie. (…) La présence de nombreux manifestants plus jeunes, étudiants ou ex-étudiants et aujourd’hui travailleurs/chômeurs (en Grèce, le passage par l’université ne prédestine pas quelqu’un à faire partie de la classe moyenne, encore moins depuis les dix dernières années) dans la « partie basse » de la place Syntagma et dans les assemblées de divers quartiers d’Athènes et à l’extérieur de la capitale, a fourni un terrain favorable à la domination des gauchistes sur les assemblées, ceux-ci entretenant généralement de forts liens avec l’université. Dès la première semaine, cette bureaucratie dominait déjà et elle propagea l’idée de l’existence et du développement des assemblées — les qualifiant d’« ateliers de démocratie » — comme une fin en soi. Depuis lors, elle a représenté et essayé de maintenir le cadre dans lequel les dynamiques internes et les conflits du mouvement se sont développés. Pour la bureaucratie, tout pouvait être discuté tant que cela ne remettait pas en cause fondamentalement la position de ceux qui contrôlent les assemblées, parce que cela remettrait en cause les assemblées elles-mêmes, et donc la démocratie. Et qui veut être contre la démocratie ? (…) Un point central du démocratisme du mouvement et de sa bureaucratie fut la condamnation de la violence prolétarienne, et en cela aussi il se fit l’écho du mouvement espagnol. Ce démocratisme identifie la violence avec un État qui se fait de plus en plus autoritaire, à laquelle il oppose une « démocratie réelle », à même de résoudre les conflits de manière civilisée et non-violente. Il considère que les prolétaires sont traités injustement, mais pas qu’ils sont exploités. Il voit, non des classes, mais des citoyens. De manière contradictoire, ces mêmes citoyens attaquent les politiciens dès qu’ils peuvent se trouver sur leur chemin. Cependant, comme il deviendra évident dans la suite du texte, un changement s’est produit dans cette dynamique interne du mouvement après les confrontations avec la police du 15 juin, un changement qui a mené aux importants affrontements des 28 et 29 juin. Ce changement a affirmé le caractère de classe du conflit actuel et la composante prolétarienne du mouvement, ce qui s’est manifesté clairement au moment où le mouvement était pratiquement mort. »
Rocamadur, juillet 2011.
www.lavallecheresiste.info
« Histoires d’infrastructures. L’intelligence de cette lutte [contre la ligne à grande vitesse Lyon-Turin], c’est de percevoir déjà que ces infrastructures sont des relais du pouvoir, et non pas de simples projets « inutiles », fantaisistes. Des moyens très concrets de civilisation qui se déploient partout, modifient les espaces et les existences qui s’y déploient, le genre de vie qui peut y être vécue. En Val de Suze ça prend la forme d’un train, ailleurs ça peut être une décharge ou un incinérateur, un futur aéroport ou un site de stockage pour déchets nucléaires... Ces projets ne sont pas de simples outils, mais des dispositifs où le pouvoir circule, sur lesquels il s’appuie, dans lesquels il s’incarne et donc là aussi où il est vulnérable et contestable. La multiplication des luttes dites locales doit se penser ainsi : une lutte menée depuis quelque part, mais qui s’étend forcément à un plan plus général, le plan sur lequel les formes de gouvernement prétendent gérer nos vies. Parce que c’est nécessaire, parce que les lois de l’économie l’imposent, en vertu de la seule alternative présente : ça serait soit leur Progrès, soit le chaos et la crise...
Les puissants de ce monde rêvent. Ils rêvent d’un monde lisse où rien n’entraverait la libre et fluide circulation des marchandises et des informations. Alors, ils tracent de grandes lignes sur des cartes d’État major, rayant du même coup territoires, montagnes et vallées... Comme aux temps des colonies. La cartographie est un art de la guerre. En 1990, trente axes de communication sont dessinés à l’échelle européenne pour lui donner un peu plus de corps, relier les infrastructures nationales et surtout les grandes métropoles. Le 5e de ces « corridors » prétend relier à grande vitesse Lisbonne et Kiev, en passant par Lyon et Turin, zones où sont prévus deux tunnels longs de 23 et 57 km. »
Comme l’année dernière, nous appelons à un cortège unitaire au sein de la LGBT Pride, samedi 16 juin à 13h30 sur les marches du Lycée du Parc.
Parce que les luttes LGBT sont des luttes politiques et ne doivent pas se cantonner à du folklore marchand.
Parce que la LGBT Pride est une manif, pas une fête.
Parce que nous comptons sur les personnes confrontées aux mêmes problématiques, mais aussi sur le soutien de toute autre personne en rébellion, à qui ces cris de rage font écho.
Une nouvelle fois on descend dans la rue. Nous nous sommes contentéEs de bien peu, finalement : un ou deux bars gay friendly « parce que les pédés, ils savent faire la fête ! » devenus tellement hype qu’ils n’accueillent plus que des bourgeoisEs en quête de frissons, quelques élus pédés, des sous-droits, une série lesbienne à la télé… De quoi se sentir acceptéEs et intégréEs : travail, famille, patrie travestis en promesses de mariage, enfants et reconnaissance sociale.
Ne marchons pas sur notre fierté ! Où est passée notre révolte, perdue dans les chars commerciaux de la Pride ? On est bien loin de Stonewall ! Là où les slogans ne suffisaient plus, c’est contre la violence et l’oppression policière que la rue a été prise par les folles et autres dégénérées à Stonewall en 1969. Elles ont pris leurs « droits », sans attendre qu’Ils les leurs donnent. Cinq jours d’émeutes, contre les violences policières et pour la visibilité queer et homosexuelle, l’homosexualité étant interdite et réprimée par la loi. Il ne faudrait pas oublier que c’est ce joyeux bordel qui est aujourd’hui commémoré par la Pride. Commémoré, c’est à dire accepté comme déjà mort, et rappelé par cette marche funèbre tristement gaie, normative, capitaliste, anti-insurrectionnelle et bienpensante. « Aimez-vous les uns les autres », « faites l’amour et pas la guerre »... on l’a aussi entendu dans nos rangs. Non, quitte à faire l’amour, autant faire la guerre. A Stonewall, Elles vendaient leur cul, pas leur voix !
Les LGBT ne sont pas des bulletins dans les urnes ! Les politico-charognards ont vu en nous des potentialités marketing, un nouveau marché fructueux… Mais jamais rien de plus que des rapports de producteurEs à consommateurEs. Rien d’autre qu’un racolage commercial et politique. Comme si les éluE PS font mieux que les autres : Collomb et la préfecture expulsent à tours de bras, répriment les putes et d’autres sales gueules.
On vient de sortir des élections : Hollande a été élu, ce qui devrait amener - selon son programme - à l’adoption et au mariage homosexuel. On ne veut pas nier que pour certaines personnes, ce changement est important. Mais pour nous c’est pas une victoire. Le problème n’est pas tant de d’accepter le mariage qu’Ils nous promettent, mais bien plutôt de s’en contenter. Notre vison d’un monde libre ne se limite pas a des miettes de liberté. Notre combat est une critique radicale contre ce monde et toutes ses normes. Les oppressions et l’homophobie ne disparaîtront pas avec une loi, c’est une construction culturelle et sociale qu’il faut abattre. Et il ne faut pas oublier que derrière tous ces beaux discours politiciens, le but est avant tout de récupérer des votes. On le voit bien d’ailleurs : les promesses ont été faites aux gays et aux lesbiennes qui sont autant d’électeurEs potentielles alors que les droits des personnes trans’ ont été complètement oubliés. En effet, minoritaires et invisibles, ces dernières n’ont pas assez de poids dans les urnes pour être prises en compte.
Nous, on ne lutte pas seulement contre l’homophobie ou pour l’égalité, mais contre toutes les normes et les formes de domination. C’est pour ça qu’on ne s’arrêtera pas à ces promesses, et qu’on continuera à faire vibrer nos cœurs de rage.
A bas la société fric des hétéros-flics ! Ne pas se cacher dans les illusions du vote, ou les promesses d’un Grand Soir révolutionnaire à venir. C’est dans le présent que nous luttons, et par nos propres moyens- sans médiateurE, ni déléguéE ou chefE pour nous commander. Si nous marchons cette année, ce sera avec des cailloux dans les poches.
Les lois changent, les normes restent... La cage est dans vos yeux !