Quitter le monde est une faute, agir dans un monde corrompu est une souillure qui prive la vie de son sens et l’action de sa finalité, alors pourquoi ne pas se priver de la vie ? Se posent alors des questions (ça ne date pas d’aujourd’hui, disons que cela date d’un grand aujourd’hui) sur le destin de chaque personne devenue individu, la question reste entièrement pertinente pour notre époque. Que devient l’être quand l’événement l’écrase ? Comment, contre la raison du plus fort, trouver des forces pour ne pas se compromettre en se rendant abject ? Qu’y a-t-il dans la chair meurtrie et souillée, qui permette, quand tous se taisent, de ne pas abdiquer toute qualité humaine ? Est-il légitime de renoncer à ses vertus, à ses plaisirs, à soi-même, est-il souhaitable que l’homme se prive de ce qui le fait homme, simplement pour survivre ? Celui qui ne veut pas se mutiler, renoncer : au monde, à l’amour, celui-ci doit mourir. Celui qui ne renonce pas à la justice doit être fou et sera rendu fou. Celui qui ne peut pas renoncer à la tendresse doit mourir. Il y a toujours un meurtrier, spécial, pour ceux-là.
Il y a dans le monde agonisant, un autre monde qui pour lui échapper fuit aussi. De l’égoïsme ? Un peu, par protection, pour pouvoir vivre comme le flamenco qu’on tenait pour mort. Le reste, je m’en fous... Et je ne me sens pas coupable... Nous devenons Gitans. En étouffant la parole, les mots authentiques reviennent. L’Empire explose de lui-même, là non plus je ne me sens pas coupable...