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Marcel Duchamp : L’Apparence mise à nu...

Essai, 190 pages, novembre 1990
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Ce volume se compose des deux essais qu'Octavio Paz a consacrés à Marcel Duchamp. Le premier, "Le Château de la pureté", est une introduction générale à son oeuvre ; il contient une description complète et une interprétation du "Grand Verre", laissé "définitivement inachevé" en 1923. L'un des peintres les plus célèbres de notre siècle abandonne l'art pour se consacrer aux échecs : il entre dans la légende. Après sa mort, on découvrira avec stupeur qu'il avait travaillé en secret pendant vingt ans... Pour Octavio Paz, l'oeuvre de Duchamp et son abandon de la peinture ne relèvent ni du pathétique ni de l'orgueil mais de la "folie sagesse". Liberté d'indifférence - ce qui reste après la connaissance.
Le second essai est une analyse de l'"Assemblage de Philadelphie". Octavio Paz y montre comment celui-ci se rattache au Grand Verre et aux autres oeuvres de Duchamp, car un même principe gouverne toutes ses spéculations plastiques : le principe de la "charnière" (les portes - et les idées - s'ouvrent dans ses oeuvres sans cesser pour autant d'être fermées, et vice versa). Cet essai aboutit donc à la mise en lumière des ressemblances profondes entre la démarche de Duchamp et le mythe de Diane et d'Actéon : du voyeurisme à la contemplation par le sacrifice. D'autres formes de la "charnière" sont aussi évoquées : la stéréoscopie, l'anamorphose, Janus double de Diane, divinité des portes, dieu-charnière.
Dans la dernière partie de son essai, Octavio Paz montre comment Duchamp est l'héritier du thème traditionnel et central de la pensée et de l'art de l'Occident : l'amour et la connaissance. Sa vision est le prolongement inattendu de la tradition de l'"amour courtois" et de l'hermétisme néo-platonicien.
Il y a dans la démarche de Duchamp une unité profonde, la poursuite d'un objet unique, insaisissable comme la vie même. Son oeuvre nous apparaît comme deux moments - deux apparences - de cette réalité : une anamorphose au sens littéral du mot. Cet objet est une idée, mais l'Idée se résout en une femme nue : une présence.