Le problème du pouvoir politique dans les sociétés primitives. S’appuyant sur les sociétés indiennes d’Amérique du Sud, l’auteur démontre les mécanismes qui règlent leur fonctionnement. Au terme de ce travail d’analyse, on est amené à découvrir que les sociétés primitives ne sont pas seulement des sociétés sans État, mais, bien plus, des sociétés contre l’État.
« Quand, dans la société primitive, l’économique se laisse repérer comme champ autonome et défini, quand l’activité de production devient travail aliéné, comptabilisé et imposé par ceux qui vont jouir des fruits de ce travail, c’est que la société n’est plus primitive, c’est qu’elle est devenue une société divisée en dominants et dominés, en maîtres et sujets, c’est qu’elle a cessé d’exorciser ce qui est destiné à la tuer : le pouvoir et le respect du pouvoir. La division majeure de la société, celle qui fonde toutes les autres, y compris sans doute la division du travail, c’est la nouvelle disposition verticale entre la base et le sommet, c’est la grande coupure politique entre détenteurs de la force, qu’elle soit guerrière ou religieuse, et assujettis à cette force. La relation politique de pouvoir précède et fonde la relation économique d’exploitation. Avant d’être économique, l’aliénation est politique, le pouvoir est avant le travail, l’économique est une dérive du politique, l’émergence de l’État détermine l’apparition des classes. » Pierre Clastres.
Chapitre 1 : Copernic et les sauvages – Chapitre 2 : Échange et pouvoir : philosophie de la chefferie indienne – Chapitre 3 : Indépendance et exogamie – Chapitre 4 : Élément de démographie amérindienne – Chapitre 5 : L’arc et le panier – Chapitre 6 : De quoi rient les Indiens – Chapitre 7 : Le devoir de parole – Chapitre 8 : Prophètes dans la jungle – Chapitre 9 : De l’un sans le multiple – Chapitre 10 : De la torture dans les sociétés primitives – Chapitre 11 : La société contre l’État