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Mathieu Rigouste, chercheur en sciences sociales à l’université Paris-VIII-Saint-Denis, est notamment l’auteur de plusieurs articles sur la construction médiatique de l’« immigré » et des quartiers populaires.
La France des années 2000, comme de nombreux pays, a vu se confirmer un modèle de contrôle censé protéger la population contre la prolifération, en son sein, de « nouvelles menaces » : islamisme, terrorisme, immigration clandestine, incivilités, violences urbaines... Et pour justifier cet arsenal sécuritaire, un principe s'est imposé : désigner l'« ennemi intérieur ». Cette notion évoque la guerre froide, quand cet ennemi était le communisme. Et surtout les guerres coloniales d'Indochine et d'Algérie, quand l'armée française a conçu la « doctrine de la guerre révolutionnaire », afin d'éradiquer au prix des pires méthodes la « gangrène subversive pourrissant le corps national ».
Si cette doctrine a été évacuée officiellement depuis lors par l'État, certains de ses éléments clés auraient-ils contribué à façonner cette grille de lecture sécuritaire qui présente les populations immigrées issues de la colonisation comme les vecteurs intérieurs d'une menace globale ? C'est ce que montre Mathieu Rigouste dans ce livre rigoureusement documenté, en s'appuyant notamment sur un corpus d'archives conservées à l'École militaire. Retraçant l'évolution des représentations de l'ennemi intérieur dans la pensée d'État depuis les années 1960, il révèle l'effrayante évolution du contrôle intérieur, de ses dimensions médiatiques et économiques, ainsi que la fonction de l'idéologie identitaire dans la mise en oeuvre du nouvel ordre sécuritaire.
Introduction. Aux racines du « nouvel ordre sécuritaire »
I / L'indigène-artisan, ou le laboratoire colonial de la contre-subversion (1954-1962)
1. L'armée au chevet de l'Empire et la France « rempart de l'Occident »
2. La doctrine de la contre-subversion
3. Instituer la guerre moderne (1955-1962)
II / La « chienlit » et les sous-développés : la conception du modèle sécuritaire français (1959-1981)
4. La doctrine de la dissuasion nucléaire efface officiellement la contre-subversion (1959-1968)
5. La genèse du contrôle sécuritaire (1968-1981)
III / L'ennemi intérieur global, ou la mise en ordre de la domination médiatico-sécuritaire (1979-2008)
6. La construction de la menace identitaire (1979-1989)
7. L'ordre global et les nouvelles menaces (1989-1995)
8. L'antiterrorisme au coeur de la nouvelle « culture de sécurité »
9.La guérilla urbaine, nouvel horizon de la sécurité intérieure
10. La France dans le capitalisme sécuritaire mondialisé
Conclusion. L'ordre par le chaos
Postface inédite