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C'est de la racaille ? Eh bien, j'en suis !

à propos de la révolte de l'automne 2005
Essai, 2006, 96 pages
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Les émeutes de l'hiver dernier et leurs répliques indirectes en marge des manifestations contre le CPE n'ont pas fini de susciter des interrogations. Pourtant, peu d'observateurs arrivent vraiment à cerner cette explosion sociale, ses prémisses, ses ramifications et ses implications… Alessi Dell'Umbria fait figure d'exception. Ni prescription politique, ni description sociologique, son ouvrage sur la question fait preuve d'une acuité d'autant plus pertinente qu'il a lui même vécu de près, pour ne pas dire participer, à quelques rodéos dans les années 80s… Depuis, le personnage s'est rangé des voitures et est devenu un acteur de la vie associative marseillaise. Pour autant, sa jeunesse turbulente ne l'incite pas faire preuve d'une quelconque complaisance envers les lascars de banlieue. Il a même des propos assez durs vis-à-vis des racailleux "sans foi, ni loi" qui tapent sur tout ce qui bouge… Sans circonvolutions stylistiques, il met en parallèle leur aveuglement et bêtise agressive avec le même aveuglement et froideur étatique qui a, tout au long des dernières décennies, érigé en marge des centres-villes des zones de relégations sociale, économique et raciale qui n'ont plus rien à envier aux ghettos anglo-saxons. Voitures et bâtiments en flammes, hélicoptères qui tournent au-dessus des immeubles, état d'urgence et quadrillage policier, crispation politique et saillies racistes, panique des petits blancs et dérives communautaristes, menaces de rétorsion élargie (suppression des allocations familiales) et procédure judiciaire expéditive : 40 ans après les sanglantes émeutes de Watts, à Los Angeles, la France s'est embrasée dans un contexte qui présente, malheureusement, beaucoup de similitudes (ségrégation, pauvreté, etc.). Mais un des atouts de ce livre, c'est aussi de souligner des particularismes locaux, à rebours des idées reçues et du matraquage médiatique : à Lille, les deux tiers des personnes passant en comparution immédiate après les incendies nocturnes étaient des visages pâles...