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Les révoltes métropolitaines
Trois ans après, les révoltes françaises de l'automne 2005 n'ont pas cessé de représenter une énigme politique et théorique de première importance. Elles recèlent toujours un potentiel critique que l'on peut difficilement évacuer et qui va bien au-delà de l'expérience d'une turbulence urbaine qui relèverait d’un mal-être social commun à toutes les banlieues du monde. Elles désignent probablement un blocage bio-politique de l’ordre du monde contemporain à l’époque de la fin de la politique classique. Mais les révoltes françaises apparaissent surtout comme la plus vive émergence dans nos métropoles (Los Angeles, Seattle, Gênes) d’un pouvoir de refus qui semble rompre avec la confrontation dialectique entre un pouvoir constituant et un pouvoir constitué.
A travers les contributions d’auteurs français et italiens dont les travaux comptent parmi les plus significatifs en matière de philosophie politique, le numéro 3 de La Rose de Personne définit ce pouvoir de rejet comme une force destituante. Ce concept renvoie à une tension matérielle et symbolique vers la sécession et l’esquive de la part d’une singularité plurielle, capable de déjouer toute prétention au gouvernement institutionnel de la vie.
Les auteurs de ce numéro en examinent le statut (s’agit-il d’un phénomène politique ?) et la puissance (s’agit-il d’une disposition ontologique ?). Ils en explorent le caractère problématique et la singularité. Ils interrogent la consistance d’un pouvoir qui, tout en se situant hors de la logique du pouvoir politique, est peut-être capable de suspendre la dérive biologique de rapports sociaux qui n’admettent pas l’événement de la transformation.